mardi 27 mai 2008

Charlotte Perriand et la montagne



Si Charlotte Perriand a marqué l’architecture et le design du XXe siècle, son empreinte sur l’aménagement et l’art d’habiter la montagne est également considérable.


Il faudra attendre les années 20 pour que son attirance pour les cimes se concrétise. Elle s’initie alors à la haute montagne, aux côtés d’un guide réputé, Pierre Blanc, dit le Pape, et deviendra une montagnarde et une skieuse chevronnée, comme l’attestent ses multiples annotations d’itinéraires, publiés par la revue du Caf dont elle était membre. Lieu de pratiques sportives et de ressourcement, la montagne va aussi être un formidable terrain d’expérimentation et de création pour cette « théoricienne de l’art d’habiter ».


Ses premières collaborations d’envergure en montagne démarrent en 1946 à Méribel où elle rejoint, à la demande de Peter Lindsay, fondateur de la station, l’équipe d’architectes en place. Un lien fort va naître avec Méribel-les-Allues, où quinze ans plus tard, sur le terrain qu’elle avait reçu en émoluments, elle construit un chalet d’une élégante sobriété, bénéficiant de nombreuses ouvertures vitrées pour profiter de l’extérieur, sa marque de fabrique. Mais la réalisation phare de Charlotte Perriand est la construction des Arcs. « Un travail d’équipe », comme elle aimait à le rappeler, réunissant autour d’elle à l’initiative de Roger Godino, le promoteur de la station, les architectes Denis Pradelle, Guy Rey-Millet, Gaston Regairaz de l’Atelier d’architecture en montagne, créateurs de Courchevel et Bernard Taillefer.


« Elle a été un très grand chef d’orchestre, intervenant depuis les questions d’urbanisme jusqu’à la création de la petite cuillère ! », résume Roger Godino pour qui elle fut une grande visionnaire en matière de loisirs à la montagne, qu’elle voulait accessibles au plus grand nombre. Aux Arcs seront portés à leur summum son art d’utiliser l’espace, aussi petit qu’il soit, sa faculté de le rendre fonctionnel, avec le souci permanent de libérer les femmes des contraintes ménagères : d’où la fameuse cuisine centrale des studios cabine ! C’est dans cette aventure architecturale et humaine longue de vingt ans (1967-1986), qu’éclate l’importance qu’elle accordait à la relation intérieur/extérieur : larges baies vitrées, balcons surélevé pour dégager la vue sur les paysages, absence de vis-à-vis. Des principes qu’elle a laissé en héritage mais qui, dans la production actuelle, trouvent si peu d’écho…


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